LE GRAND SILENCE

Publié le par Boyer Stephane

Chronique RCF du jeudi 01 mars 2007
Bonjour,
Samedi dernier, j’ai été voir le film « Le grand Silence » et j’ai animé un débat suite à la projection au cinéma « Le Majestic » de Digoin. Car ce film n’est pas comme les autres et offrir aux spectateurs la possibilité d’un échange est plutôt instructif. Dans la salle les motivations des personnes sont différentes : certains viennent parce que c’est un film sur un ordre religieux catholique – les chartreux – d’autres viennent par curiosité vis-à-vis d’un œuvre cinématographique différente.
Ce film, qui ne décrit pas la vie des chartreux mais qui montre des aspects de leur vie, laisse une multitude d’impressions. Certains, dans la salle, ont trouvé admirable la vie de ces hommes, entièrement donnés à la prière et au silence, d’autres se sont posés la question de l’utilité de ce genre de vie, d’autres se sont mêmes demandés si c’était bien chrétien de vivre ainsi – loin de tout et dans cette solitude assez extrême. Se posent, comme souvent dans le cas de la vie monastique, des questions simples : n’est-ce pas une fuite du monde, une vie facile car portée par l’ensemble du groupe avec très très peu de décisions ou d’initiatives personnelles ? Bien sur certains trouvaient au contraire qu’il faut une force intérieure, psychologique et spirituelle, pour être capable de faire un tel choix de vie.
Ce qui est sûr, c’est que les images sont belles. Qu’avec 2 h 40 de film, elles nous portent seconde après seconde. Il faut voir ce film sur grand écran. Impossible d’entrer dans ce film si autour de nous il n’y a pas le calme, si le téléphone sonne, s’il y a du bruit. Dans ce film, il n’y a pas de musique et très peu de paroles, mais les bruits sont omni présents. Bruits de pas, bruits de tables, bruits de l’eau… plein de bruits que l’on n’entend pas d’habitude et qui nous tiennent en éveil. C’est un énorme travail de montage qui a été réalisé.
Je ne sais pas ce que l’auteur de ce film a vraiment voulu faire. Réfléchir sur le temps, montrer la vie d’hommes originaux, faire un beau film ? Ce qui est sûr, c’est que ça fait réagir et ça pose question. Il y a une phrase, qui revient sans cesse, du prophète Osée : « Je me suis laissé séduire ». Revient aussi sans cesse, dans la nuit, la lumière du tabernacle. Revient enfin la phrase du livre des Rois : « Dieu était dans la brise légère ». À travers ces insistances, on sent que la vie de ces hommes n’est pas orientée comme la nôtre, qu’ils ont une autre recherche. Mais le film ne nous dit rien de cette recherche, des joies et de l’aridité de leurs chemins, de leur vie communautaire, de leur choix personnel.
Je suis donc ressorti de ce film avec un point d’interrogation. Interrogation sur ce choix de vie, non pas coupé de tout mais loin de tout. Interrogation sur le style de vie religieuse de la Chartreuse avec beaucoup de solitude et très peu de vie communautaire. Interrogation sur le mystère que chacun de ces hommes porte en lui. Mais on en sort reposé, entré dans un rythme auquel on n’est pas habitué. On en sort avec la joie d’avoir vu une œuvre de qualité.
À la semaine prochaine.

Publié dans Foi-spiritualité

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