Engagez-vous ? Ah bon !

Publié le par Boyer Stephane

Chronique RCF du jeudi 09 février 2006

Bonjour,

 

Ça peut paraître démodé, vieux jeu pour certains, mais les Scouts et Guides de France réfléchissent cette année à la notion d’engagement. La réunion des animateurs spirituels et des aumôniers du mouvement portait sur ce sujet. Le mot engagement a mal vieilli : « Engagez-vous, engagez-vous » et l’enrôlement militaire n’est pas loin dans le subconscient collectif.

 

Pourtant des engagements, chacun en vit. Beaucoup sont engagés auprès d’une banque, certains auprès d’un système d’assurance vie. Il y a des engagements de parrainage pour des enfants vivant dans des pays pauvres. Et puis il y a tant et tant d’engagements petits ou grands, que chacun prend au fur et à mesure des années scolaires et des choix importants de sa vie.

 

Pour s’engager, il est nécessaire d’avoir des raisons. Ces raisons sont variées et complexes comme l’être humain. C’est le désir d’être utile à son prochain mais c’est aussi trouver une reconnaissance à travers un engagement. Être reconnu comme l’époux, l’épouse, comme le responsable de telle action. C’est la volonté de mettre des compétences réelles au service des autres mais c’est aussi parfois réagir à un passé douloureux. Parce que j’ai souffert de la mort d’un proche dans un accident de voiture, ou dans un meurtre, parce que j’ai vécu la violence ou l’injustice, je m’engage pour que plus jamais d’autres personnes ne subissent la même chose. Et puis, l’engagement est parfois lié à « l’air du temps ». Ça fait bien d’être engagé dans le Téléthon, vous ne pensez pas ne pas y être, ou donner pour le tsunami. Le Cachemire c’est moins « in ». Cela aussi existe, il ne faut pas le nier.

 

Les motivations de l’engagement sont toujours complexes car à travers mes engagements, je me réalise, je m’accomplis plus ou moins. Ce qui est donc important, c’est de choisir des engagements le plus librement possible. Cet engagement, qu’est ce qui me pousse à le vivre ? L’envie, la soif d’un pouvoir, le désir de plaire, ou le sens d’un vrai service, le sentiment qu’un espace de bonheur pour les autres et pour moi-même peut s’ouvrir. La liberté de l’engagement est importante. Chaque choix appelle à ne pas être trop prisonnier de son histoire, de ses blessures intérieures, même si elles existent.

 

Je dis souvent aux couples qui viennent pour se préparer au mariage : « seriez-vous prêts à tout arrêter aujourd’hui ? » Bien sur, ça les surprend. Alors je leur demande de réfléchir aux raisons qui font que leur désir d’engagement existe et de vérifier si elles sont plus du côté des peurs et des blessures ou du côté de la gratuité, de la relation vraie qui donne à l’un et à l’autre de s’estimer et de se servir, du sentiment qu’il y a là un appel à une vraie liberté. Choisir son conjoint, c’est engager sa liberté. Ce n’est pas comme beaucoup le disent passer une chaîne à son cou, c’est oser choisir pour être créateurs ensemble et chaque jour.

 

Alors je pense que ce n’est pas démodé de réfléchir à l’engagement. Celui des scouts et guides est une étape, un choix, qui peut marquer un itinéraire et faire comprendre que s’engager n’est pas aliéner sa liberté mais au contraire l’exercer.

 

À la semaine prochaine.

 

Publié dans Education-jeunesse

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