Montrons la fraternité !

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Chronique RCF du jeudi 19 mars 2009.

         Bonjour,
         Notre monde est un monde pluriel. Fini le temps où chacun vivait sans rencontrer l’autre différent de lui. Aujourd’hui, nous pouvons partager avec un jeune originaire d’Afrique, aller faire nos courses pour le repas de midi dans un magasin d’alimentation vietnamienne, travailler l’après midi avec une personne originaire de Pologne, et terminer notre journée dans un restaurant indien. Bon, j’exagère un peu, mais la diversité, c’est au quotidien qu’on peut la vivre. Il faut donc apprendre à vivre ensemble différents.
         Il y a quelques jours, j’ai eu la joie d’aller rencontrer des lycéens. Mais je n’étais pas tout seul. Hamed, l’imam de la mosquée du centre ville de Chalon-sur-Saône, m’accompagnait. Ensemble, devant des jeunes divers par leur origine, par leur religion, par leur condition de vie (village ou quartier périphérique) nous avons partagé chacun ce qui faisait le cœur de nos fois différentes. Nous avons répondu aux questions des jeunes lycéens en exprimant ce qui nous unissaient et, aussi sincèrement, quelques unes de nos différences.
         Notre présence commune et non pas successive était importante. Car au-delà des questions auxquelles nous avons répondu, l’important est de parler ensemble, de montrer aux jeunes qu’on se respecte dans nos différences, et même plus, qu’on s’estime. Chacun de nous a la foi, chacun de nous désire la partager, chacun de nous souhaite que la paix se construise entre les êtres, chacun de nous est conscient qu’on éduque plus par l’exemple que par des ordres. Alors en venant ensemble écouter et dialoguer avec ces jeunes, nous avons vécu un signe de ce que nous aimerions que tous ces jeunes vivent : être ensemble, respectueux de l’autre et de sa différence.
         Mais, pour cela, il y a quelques conditions. D’abord ne pas avoir peur de l’autre ; ne pas vouloir le changer ; accepter de dire sa foi, ses convictions sans vouloir s’imposer à l’autre. Cela demande aussi beaucoup d’humilité, de reconnaître qu’on ne sait pas tout et qu’on peut apprendre, s’enrichir du regard de l’autre. Aujourd’hui, la foi n’est plus d’abord une question de transmission par tradition familiale. Être croyant, c’est faire un choix personnel. Le fait d’intervenir un musulman et un chrétien ensemble permet à chacun (des jeunes auditeurs) de s’interroger soit sur son athéisme, soit sur sa propre religion et sur sa capacité à dialoguer avec l’autre, et à le respecter.
         Quand nous sommes ressortis de la rencontre avec les jeunes, les professeurs présents se disaient heureux d’avoir pu voir un imam et un prêtre parler ensemble, dans le respect et l’entente. Cela était sûrement improbable, il y a quelques décennies. Alors, je me réjouis et j’espère que les jeunes pourront être inspirés par cet exemple de rencontre. Oui, le monde change, c’est à nous d’en faire un monde de fraternité. C’est possible et c’est un vrai bonheur quand on s’y engage avec joie.
         À la semaine prochaine.

Publié dans Foi-spiritualité

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