UNE VIE DONNEE AUTREMENT

Publié le par Boyer Stephane

Chronique RCF du jeudi 31 mai 2007
Bonjour,
La semaine dernière, Sœur Madeleine est partie de cette terre. Elle vivait au Carmel de la Paix, à Mazille. À plus de 90 ans, l’espérance nous fait dire qu’elle a rejoint celui pour qui elle a donné sa vie. Durant de nombreuses années, elle a vécu dans ce Carmel, passant ses journées entre prières, méditations, travail et service de la communauté des sœurs. Lundi, ses sœurs l’ont accompagnée dans une dernière prière.
Je ne sais pas si vous imaginez bien, mais Madeleine a passé plus de 50 années au milieu de ses sœurs. Les dernières arrivées dans la communauté l’ont connue avec cet âge déjà avancé mais certaines partageaient sa vie avec elle depuis de nombreuses années. Même si les sœurs ont l’espérance de la résurrection rivée en elle, cette séparation après tant de présence partagée doit être bien dure.
Dans une communauté religieuse, il y a ce que le visiteur, le pèlerin peut voir. Il y a la prière de ces sœurs qui jour après jour se retrouvent pour louer le Dieu donneur de Vie. Il y a leur accueil toujours joyeux des nombreux groupes et personnes qui viennent faire une halte sur cette colline, reprendre des forces, réfléchir, se retrouver avec soi-même, essayer de vivre une communion avec Jésus le Christ. Il y a leur travail à la ferme pour vivre, l’entretien des chanmps, les foins en été et l’entretien des bâtiments.
Mais il y a aussi tout ce qui ne se voit pas ou moins. Il y a tout d’abord l’itinéraire de chacune d’elles. Tout au long de ces jours, il y a des questionnements intérieurs, des réponses, des recherches : Dieu, qui es-tu ? Il y a cette vie du monde qu’elles portent dans leur prière mais aussi dans leur action. Je sais qu’elles savent se « serrer la ceinture » pour vivre des solidarités, vivre le partage. Il y a comme partout des fins de mois difficiles. Il y a aussi la relation entre les sœurs. Même si on a choisi de s’engager dans une communauté, il peut y avoir comme dans toute famille des tensions.
Souvent, les gens se disent : « À quoi sert la vie religieuse ? » Même moi, je m’interroge. Ne faudrait-il pas que toutes ces femmes et ces hommes religieux s’engagent dans nos paroisses, nos mouvements ? N’auraient-ils pas plus d’utilité sociale et ecclésiale ? En apparence certainement, mais seulement pour un temps. Ce que je sais, c’est que ces sœurs sont le reflet d’une vie fraternelle qu’on aimerait bien sûr vivre. Ce que je sais, c’est que ces sœurs portent dans leur cœur beaucoup de personnes. Ce que je sais, c’est que certains jours, où la souffrance était grande pour moi dans mon action à cause des obstacles et des difficultés, ces femmes qui me connaissent depuis que j’ai 17 ans, me portaient dans leurs prières. Elles me l’ont dit et cela m’a soutenu.
Alors à Madeleine qui s’en va, même si je ne la connaissais pas personnellement et à toutes celles qui restent dans cette permanence de prière et d’accueil, je veux dire Merci. Je veux dire que votre vie aide d’autres à vivre, je veux dire que la communauté que vous formez aide aux ressourcements, à l’équilibre de nos vies. Et bien sûr, bon courage et bonne mission à vous.
À la semaine prochaine.

Publié dans Foi-spiritualité

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