Aide Médicale d’Etat

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Chronique du jeudi 04 novembre 2010.

         Bonjour,
         Les députés ont débattu du budget de la Sécurité Sociale et ont essayé de faire des économies à la hauteur de 7 milliards d’euros. Un des aspects de cette loi concernait l’aide médicale d’État, appelé par son sigle AME. Une des propositions de cette loi consiste à faire payer un droit d’entrée de 30 euros pour accéder à cette couverture maladie.
         L’aide médicale d’État a été mise en place par le gouvernement Jospin, suite à la création de la CMU (couverture maladie universelle) qui justement n’était pas universelle parce qu’elle excluait toutes les personnes sans autorisation de séjour du territoire. Et conscient que ces personnes sont parmi les plus précaires, un droit au soin avait été organisé. Toute personne malade peut ainsi avoir une couverture médicale, qu’elle ait des papiers ou pas, à partir du moment où elle réside depuis plus de trois mois sur le territoire français.
         Alors que beaucoup d’associations, de médecins, d’ONG, ont souligné la justesse de ce dispositif, certains députés ont voté cette loi. C’est donc 30 euros que devront payer les personnes sans-papiers désireuses de pouvoir se faire soigner. Vous me direz que 30 euros, ce n’est pas grand-chose et que cela devrait permette à notre État d’économiser 200 millions d’euros. Sauf que la situation économique des sans-papiers est assez simple. N’ayant pas le droit de travailler, ils n’ont pas de revenus, pas d’allocations. Les demandeurs d’asile dont le dossier est en instruction touchent chaque jour une dizaine d’euros et ont droit à la CMU car ils ont des papiers en attendant la réponse positive ou négative de leur demande d’asile.
         Les sans-papiers eux n’ont rien. Il y a la mendicité mais je ne l’encourage pas. Il y a parfois une aide du Conseil général quand il y a un enfant, mais cette aide est destinée à acheter à manger à l’enfant et ce qui est nécessaire pour son hygiène. C’est donc les associations humanitaires soutenant les sans-papiers qui vont payer la facture. C’est donc les bénévoles, les amis de ces personnes sans-papiers qui sortiront de leur poche ces 30 euros indispensable pour ouvrir les droits d’une prise en charge médicale. C’est donc 200 millions que l'État français va prélever sur les associations humanitaires et les amis, les proches des sans-papiers. Je propose qu’à chaque fois qu’il nous faudra payer cette taxe d’AME, nous demandions à l'un ou l'autre de ces députés qui a voté cette loi, de payer. Puisque contre l’avis des médecins, contre l’avis des rapports de l'État sur l’AME, qui expliquaient que c’est un bon dispositif, contre l’avis de ceux qui accompagnent chaque jour les sans-papiers, certains députés ont approuvé cette loi, je trouverais juste de leur en faire payer le prix.
         Bien sûr la question de l’AME n’est qu’une petite goutte d’eau dans l’immense problème de la Sécurité Sociale. Alors cette question sera vite oubliée, comme cette chronique.
         Bonne journée à vous.

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