Comment aiguiser son couteau ?

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Chronique du jeudi 28 octobre 2010.

         Bonjour,
         Dans notre département, comme dans beaucoup de lieu en France, la vie chrétienne s’affaiblit. Nous sommes dans l’impossibilité de trouver un curé pour chaque paroisse et cela ne va pas s’arranger quand on regarde la moyenne d’âge du clergé. Bien sûr, dire qu’il y aura moins de prêtres ne veut pas dire qu’il n’y en aura plus. Mais dire qu’il y aura moins de prêtres demande forcément qu’une réflexion sur notre mission, notre rôle et donc le rôle aussi des laïcs se réfléchisse, se discute, s’organise. Une partie de l'Église ne fait pas le deuil de ce nombre moins important de prêtres. Pourtant on pourrait peut-être se demander si ce n’est pas un signe que Dieu nous envoie pour changer l'Église, notre façon de vivre, de travailler, de servir l’annonce de l'Évangile. Il serait dommage d’être sourd aux appels de l’Esprit.
         Concrètement, dans les paroisses, le nombre de messes diminue et notre diocèse a abandonné la pratique qui permettait aux chrétiens de se rassembler le dimanche dans leur église, même si aucun prêtre ne pouvait venir prier avec eux. Si, en ville, il n’est pas très difficile de trouver une église pas trop loin de chez nous, dans l’espace rural la difficulté est plus grande et beaucoup renoncent à se déplacer. La messe à la télé a un bel avenir devant elle dans cette situation. Pourtant, il serait intéressant de permettre aux chrétiens de se rassembler dans leur église au rythme qui leur convient et de prier ensemble. Méditer l'Évangile est à la portée de tous, confier sa prière et dire merci à Dieu pour ce qui est beau et bon n’est pas impossible. Il faudrait arrêter de privilégier le seul rassemblement de l’Eucharistie, de la messe autour d’un prêtre et permettre d’autres types de rassemblements le dimanche, où les chrétiens s’organiseraient en fonction de leurs compétences, de leurs talents et de leurs envies.
         Un ami, agriculteur, voyant la situation actuelle, m’a donné une très belle image. Il me disait que dans quelque temps, il n’y aurait une messe qu’une fois par mois pour tout le canton où il habite. Et il ajoutait : « Oh la foi, je sais ce que c’est ! Ce qui compte, c’est de pouvoir de temps en temps affûter son couteau ». Pour cet ami, cette image va très bien. Depuis des années, il a eu le temps de comprendre sa foi, de prier souvent seul et avec d’autres, de mettre sa foi en pratique dans sa vie quotidienne. Mais la situation est plus compliquée pour ceux qui commencent à découvrir la foi.
         Si depuis quelque temps, les évêques ont beaucoup insisté pour remettre en valeur le dimanche et encouragent des temps forts, des dimanches autrement, des temps inter-générations, ceci ne se produit que pour des évènements exceptionnels. Mais le dimanche ordinaire, où quelques chrétiens pourraient se retrouver en proximité et partager leur vie et l'Évangile est négligé, refusé, non soutenu. N’est ce pas dommage qu’il n’y ait pas une vraie réflexion ?
         Pour qu’il y ait des croyants, il faut quand même qu’on puisse voir et rencontrer des chrétiens. Si on n’encourage pas leur vie commune et locale, on affaiblira encore l'Église. Ce serait dommage de ne pas y réfléchir vraiment.
         Bonne journée à vous.

 

Publié dans Foi-spiritualité

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