Des Hommes et des dieux !

Publié le

Chronique du jeudi 9 septembre 2010.

         Bonjour,
         J’ai eu la chance avec 210 autres personnes de pouvoir assister en avant-première à la projection du film Des hommes et des dieux, film de Xavier Beauvois, projeté au cinéma le Majestic à Digoin. Il n’y a aucun doute, c’est un très beau film. La qualité des images, des dialogues, du scénario, nous entraîne dans la vie de ces moines de Tibhirine, assassinés en 1996 en Algérie. Nous voyons dans ce film comme une illustration de leur vie. Nous voyons les moines dans leur vie de travail, le dispensaire, mais nous participons aussi à leur vie de prière et au chapitre comme lieu de dialogue et de décision. Nous les voyons aussi dans leurs liens fraternels avec les voisins, les habitants du village, la police et même avec les terroristes. Mais le plus marquant est d’entrer dans la vie de chacun de ces huit moines, car chacun était différent dans sa passion de la foi, dans le lien à la vie et à l’espérance. Nous voyons ainsi les moines qui font tous un chemin de mûrissement pour savoir ce qu’ils doivent vivre et décider pour leur vie. Ces hommes n’ont pas cherché ni voulu le martyre. Ce qui les a guidés, c’est leur fidélité à un peuple qui souffrait autant qu’eux et avec qui ils ont tout partagé : les joies et les souffrances.
         À la fin du film, après un impressionnant silence, Gérard de Belair, prêtre de notre diocèse, vivant en Algérie depuis 1969, nous a parlé de cette période de guerre qu’a vécu l’Algérie. Dix-neuf chrétiens laïcs, religieux ou religieuses, prêtres et évêques, ont été assassinés dans cette triste période. Mais il nous a rappelé que 250 000 Algériens ont subi le même sort dont 55 journalistes. La peur, l’angoisse de la mort, d’un attentat, pas un seul Algérien ne l’a pas ressentie. Toutes les familles ont vécu la mort d’un proche, quel que soit le camp dans lequel il était.
         Alors que ce film sort en France, et que l’enquête concernant la mort des moines n’a toujours pas donné de réponse, l’Algérie continue son chemin. 50 % de la population algérienne a moins de 20 ans. La période des massacres, des attentats, beaucoup ne l’ont pas vécue, même si, dans chaque famille, des proches ont disparu. 14 000 personnes sont toujours portées disparues et rien n’est vraiment fait pour donner des réponses aux familles des disparus. Gérard de Belair nous a dit regretter que « l’Algérie, à la différence de l’Afrique du Sud ou du Rwanda, n’ait pas créé des commissions de réconciliation, de pardon ». Aujourd’hui encore le terrorisme existe dans ce pays toujours divisé, dont les plaies ne sont pas pansées.
         Ces hommes, moines dans l’Atlas, avaient conscience que ce qui était en jeu dans leur vie était la fraternité. Celle avec les Algériens, celle qu’ils avaient à vivre ensemble dans leurs différences, celle avec le Christ qui embrassait leur vie et celle des Hommes de la montagne (les terroristes) et celle des Hommes de la plaine (les villageois). Merci à tous ceux qui ont fait ce film très beau et merci à ceux qui, comme Gérard de Belair, vivent cette fidélité à un peuple qu’il aime profondément et qui expriment par leur vie la fraternité profonde envers tout Homme.
         Bonne journée à vous.

Publié dans actualité

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article