Sacré Noé !

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                   Chronique RCF du jeudi 29 avril 2010.

         Bonjour,
         J’ai beaucoup ri cette semaine quand j’ai entendu une radio annoncer très sérieusement  qu’un groupe de chrétiens évangéliques chinois et turcs avait retrouvé l’arche de Noé sur le mont Ararat. Je sais que le peuple arménien a toujours eu cette tradition de dire que l’arche de Noé serait arrivée sur le mont Ararat. Et les Arméniens pleurent d’ailleurs cette montagne depuis qu’elle a été annexée par la Turquie.
         J’ai beaucoup ri car l’histoire de Noé est mythique et jamais je n’imaginerai qu’il soit possible de rechercher les vestiges d’une barque qui n’a jamais existé. Le mythe de Noé est en fait formidable et nous pose à tous une bonne question : c’est celle de l’élimination du mal sur notre terre et dans notre cœur.
         Si dans le mythe biblique, Dieu dit à Noé de construire une barque, c’est parce qu’il constate que l’homme est animé de plein d’intentions mauvaises et que souvent dans sa façon d’être, il produit le mal. Le mythe propose pour éliminer le mal d’éliminer tous les hommes qui font du mal et d’en garder un seul, juste, bon, droit, honnête, Noé qui engendrera une nouvelle humanité. Le déluge est lancé et tout disparaît enfoui sous l’eau. Ce n'est qu’après des jours et des jours que la colombe ne revient pas sur le bateau, indiquant par là que l’eau commençait à se retirer. Tout pouvait recommencer. Mais en fait, le texte nous explique qu’avec les enfants de Noé, le mal a aussitôt recommencé et que le déluge n’a rien résolu. Le texte va même jusqu’à dire que plus jamais Dieu ne fera de déluge mais enverra un sauveur qui changera le cœur des hommes.
         Je trouve ce texte fabuleux. En fait, c’est une question universelle qui est portée dans ce texte. Le mal est enraciné dans l’être humain, comment l’arracher du cœur de l’homme ? Comment le détruire, le mettre à terre ? C’est une question qu’on peut honnêtement se poser pour soi-même. Qui d’entre nous pourrait dire « le mal, je ne connais pas » ? Bien sûr, on peut essayer de s’en tenir loin, de se contrôler. Le mal, c’est ce qui divise, ce qui sépare les êtres entre eux, mais aussi ce qui crée la séparation en nous-mêmes entre nos actes et nos paroles, entre notre intention et nos réalisations.
         Le mal est une réalité de nos vies. Pourquoi le nier ? Le mal, l’esprit de division peut nous gagner. Dans le mythe de Noé, une clé est donnée. Noé embarque des couples d’animaux, mâle et femelle, complémentaires pour que la vie gagne. C’est ainsi en nous. Si j’ai la colère qui peut faire du mal, il me faut chercher son complément la douceur. Si j’ai l’esprit de convoitise, il me faut développer l’esprit de détachement. Si j’ai la rancune, il me faut chercher le pardon. Si j’ai l’orgueil, il me faut chercher l’humilité. C’est ainsi qu’on combat le mal. Non en voulant détruire l’être mais en lui proposant d’autres chemins possibles de développement.
         Quand je vois qu’on cherche l’arche de Noé, je ris. Quand je vois le mal, qui existe toujours, je pleure, mais en même temps, je me dis que l’histoire de Noé nous donne des clés. On n’éradique pas le mal en éliminant l’Homme mais en l’aidant à grandir et à développer d’autres capacités, qui sont sagesse humaine et évangélique.
         À la semaine prochaine.

Stéphane Boyer

Publié dans Foi-spiritualité

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